Chaconnes Cantates de Johann Sebastian Bach

L’association du nom du Cantor et de la chaconne évoque immanquablement la partita en ré mineur pour violon. Cependant, Johann Sebastian Bach use également de cette forme musicale dans trois de ses cantates.

En provenance d’Amérique du Sud, la chaconne est introduite en Espagne à l’orée du 17^ème. Danse populaire, elle est considérée comme légère, voire « obscène », certains la disent même œuvre du diable ! Elle est accompagnée par la guitare, le tambourin et les castagnettes, chantée avec refrains.

Elle se répand ensuite à travers toute l’Europe en évoluant vers une forme à variations reposant sur un ostinato de basse. Elle se rapproche alors de la passacaille. En Italie, la basse de chaconne génère de nombreuses pièces instrumentales ou vocales par exemple chez Monteverdi, Uccellini, Frescobaldi ou Falconieri.   En France, cette danse prend un caractère digne et solennel et occupe une place de choix au sein de l’opéra.

C’est l’influence française qui prévaut dans « les » chaconnes de Bach.

Dans la cantate Jesu, der du meine Seele, composée à Leipzig en 1724, le premier mouvement peut être considéré comme une chaconne : mesure à trois temps, noire pointée sur le deuxième temps, basse obstinée (en deux parties, l’une descendante chromatique, l’autre montante en valeurs brèves). Un choral chanté au soprano surplombe les trois autres parties du chœur qui utilisent les deux éléments de la basse et obondent en passages dissonants et poignants.

Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen (1714) est une oeuvre qui date de la période de Weimar. Après la sinfonia initiale avec hautbois concertant, la première section (reprise ensuite après un passage plus alerte) évolue sur une basse de chaconne : quatre mesures en succession chromatique descendante. Sur cette basse se déroule une lamentation à quatre voix. Cette chaconne est reprise intégralement dans le Crucifixus de la Messe en Si mineur.

La cantate Nach dir, Herr, verlanget mich, ne fait pas partie de façon certaine des œuvres du Cantor. Sa qualité d’écriture plaide en sa faveur : elle pourrait constituer la première cantate composée par JS Bach. L’intitulé du dernier mouvement ciaconna montre de lui-même l’intérêt que Bach portait à cette danse au parcours si varié.

À sa suite, la chaconne (ou passacaille) continua à intéresser les compositeurs comme Brahms, Webern, Britten, Hindemith…